PROJECTIONS DE FILMS D'ARTISTES

Thunderbird, In the Soldier's Head, The Square, & Deep Sleep
Christine Rebet & Basma Alsharif

Cinémathèque Robert-Lynen, Paris
Mardi 13 février 2018


Christine Rebet, Thunderbird Stone, 2017. Encre sur papier. Courtesy de l'artiste et Bureau, New York

Les animations dessinées à la main de Christine Rebet (filmées en 16mm et 35mm) reprennent les illusions d'optique et le paysage des divertissements pré-cinématographiques pour en souligner la similarité avec les dispositifs trompeurs de la politique et de la sphère médiatique actuelles. Qu'il s'agisse d'expériences politiques et spirituelles du début du vingtième siècle ou de sujets contemporains du Moyen-Orient, l'artiste dresse des comparaisons révélatrices entre les dispositifs des médias de masse et ceux des régimes oppresseurs. Par le moyen de la poésie et de l'humour, ces apparitions troublantes semblent exorciser les traumatismes des histoires personnelles et collectives.

In the Soldier's Head et Thunderbird évoquent les traumas de la guerre à travers le prisme, pour l'un, des hallucinations d'un soldat, et, pour l'autre, des récentes destructions de sites archéologiques majeurs du Moyen-Orient et de l'apparition d'une déité annonciatrice de prédictions évoquant les rites mésopotamiens pour assurer protection et postérité aux souverains et à leurs peuples. Dans Thunderbird, l'artiste s'est associée à un archéologue du British Museum de Londres, chargé du programme "Iraq Scheme" formant des archéologues irakiens aux technologies de conservation de pointe dans le but de restaurer des sites endommagés. Dans le film, le dieu Ningirsu, sous les traits d'un avatar ailé à tête de lion ("Thunderbird"), ordonne au roi Gudea l'édification de son temple à travers un rêve. Répondant à ces deux films, The Square reconstitue le ballet télévisé de Samuel Beckett et la répétition quadrilatérale des déplacements des protagonistes, remplacés ici par des résidus de métal, de bois et de plâtre évoquant des constructions tandis que le modèle de la place publique invoque les rassemblements et révoltes ayant récemment eu cours.

En dialogue avec ces œuvres, Christine Rebet invite Basma Alsharif à présenter Deep Sleep, une méditation poétique et sonore sur les déplacements mentaux. Empêchée un temps de se rendre à Gaza, l'artiste a pratiqué l'autohypnose pour essayer de se localiser dans plusieurs endroits à la fois. "Deep Sleep s'inspire du cinéma historique d'avant-garde pour produire une invitation à se mouvoir à travers un corps, à transcender les frontières géographiques dans un acte collectif qui rejette la mémoire en échange d'un présent viscéral". Le film a reçu en 2014 le Prix de la compétition international à VideoEx, Zurich.

Née à Lyon, Christine Rebet vit et travaille à New York. Elle est diplômée de l'Université de Columbia (New York) et de la Central Saint Martins School (Londres). Elle a notamment exposé à Bureau, New York ; Human Resources, Los Angeles ; Kunsthal KAdE, Amersfoort ; Sculpture Center, New York ; la Fondation Cartier, Paris ; Le Magasin, Grenoble. Ses films ont été projetés dans divers festivals dont La Berlinale, le Kassel Festival du film documentaire et de la vidéo, la Kochi-Muziris Biennale, le Hollywood Hookah de Los Angeles et le London Film Festival.

Basma Alsharif est une artiste et cinéaste née au Koweït d'origine palestinienne, élevée entre la France, les Etats-Unis et la bande de Gaza. Diplômée de l'Université de l'Illinois, elle développe sa pratique nomade, centrée sur la condition humaine en relation avec les paysages géopolitiques mouvants et l'environnement naturel, entre Chicago, Le Caire, Beyrouth, Sharjah, Amman, la bande de Gaza et Paris. Elle a notamment exposé à la Biennale du Whitney (New York), aux Rencontres d'Arles, au Palais de Tokyo (Paris), au New Museum (New York), à la Biennale de Sharjah et à Manifesta 8. Basma Alsharif est représentée par la Galerie Imane Farès, Paris, et son oeuvre filmique est distribuée par Video Data Bank et Arsenal.