1972
Sarah Morris
Cinémathèque Robert-Lynen, Paris
Mardi 9 février 2016
Sarah Morris, 1972, 2008. Vidéo, 38'12. Courtesy l'artiste & Parallax
Munich, Jeux olympiques, 1972 : le monde entier assiste, en direct et médusé, à l'une des prises d'otages les plus spectaculaires du XXe siècle. Pékin, Jeux olympiques, 2008 : Sarah Morris réalise Beijing, un film sur la capitale chinoise et sa grandiose cérémonie d'ouverture. En quarante ans, le monde a bien changé, la géopolitique et les risques terroristes aussi. Néanmoins, 1972, septième film de l'artiste, tourné « en parallèle » de Beijing, est un film à voir pour comprendre notre présent. Mieux, il fait partie de ces films qui sont des rencontres, indélébiles et nécessaires.
Ici, avec l'un des acteurs majeurs des événements de 1972. Il livre sa version des faits, bien différente de celle communément admise et de celles mises en scène par le cinéma hollywoodien. À l'époque psychologue en chef de la Police olympique, Georg Sieber – aujourd'hui expert en sécurité internationale – était à ce titre responsable d'évaluer et d'anticiper les risques et situations d'urgence liés à la manifestation, et d'en modéliser les réponses et scénarios d'intervention. L'un d'entre eux, le scénario 26, anticipait presque entièrement les faits tels qu'ils se sont produits. Il lui fut impossible de l'appliquer. La prise d'otages se termina par la mort des 11 athlètes israéliens et d'un policier allemand. Dans un long monologue, entrecoupé d'images d'archives et de vues contemporaines de Munich, rythmé par la musique de Liam Gillick,
il raconte et se raconte, auprès d'un Pinocchio géant... Toute en subtilité, comme à son habitude, Sarah Morris livre un cas d'école sur la question des pouvoirs et du contrôle, de la subjectivité et de la prévision, de la propagande et de la fabrication mémorielle.
La vérité vraie, selon Georg Sieber, reste un idéal, un rêve.
Née en 1967, Sarah Morris vit et travaille à New York. Artiste reconnue internationalement, elle expose depuis le début des années 1990. Ses peintures abstraites et ses films interrogent les « typologies urbaines, sociales et bureaucratiques ». Elle est représentée en France par Air de Paris. Le M-Museum Leuven (Louvain, Belgique) lui a consacré une rétrospective en 2015. Le 16 février 2016, elle inaugure la nouvelle programmation du 8, rue Saint-Bon avec un projet inédit de peinture murale.