The Casting of the Maids
Marc Camille Chaimowicz
Cinémathèque Robert-Lynen, Paris
Mardi 9 juin 2015
The Casting of the Maids, 2012. Film numérique, 7'49. Courtesy de l'artiste et Cabinet, Londres
The Jean Genet, génie et « simple minded », comme le chante David Bowie.
Et ses bonnes qui ne sont rien – Bonnes à rien !?
Robe de velours écarlate, le tilleul de Madame.
Ses miroirs. Sa bonté ! Ses diam's !
Protégée par ses barricades de fleurs. Fleurs de papier.
C'était sans compter sur la révolte des bonnes.
They are outrageous, they scream and they bawl.
Glam, Rock, Props, and Ritual. Filles en laisse – Courtesy de Madame
Elles paradent un plumeau à la main.
Perroquets domestiqués, elles baisent les pieds.
Gardenal, femmes fatales walking on… Madame. Madame est interdite.
The Casting of the Maids (2012) met en scène un casting évocateur pour la pièce de Jean Genet Les Bonnes, écrite en 1947. L'œuvre fait partie d'un projet plus global, en cours, qui, sous la forme d'un road-movie, travaille la relation particulière de l'artiste à l'œuvre de l'écrivain - de la Bourgogne, où Genet passa une partie de son enfance, jusqu'à Larache au Maroc, où il est enterré.
Sur cette trajectoire, il y a donc The Casting of the Maids, œuvre étrange, à la fois autonome et fragment, qui mêle subtilement les questions des rushes au cinéma (on entend ainsi, hors-champ, l'artiste diriger ses comédiennes), du casting (assises sur un lit, livre à la main, les filles lisent la pièce de Genet), de la mise en scène ou du théâtre (MCC a arrangé le décor en apportant les accessoires, dont certains sont typiques de son esthétique : le miroir, un vase, des fleurs). Les images, parfois flashées au stroboscope, sont montées sur une musique originale de Dan Fox dans laquelle le musicien convoque certains des accords de The Jean Genie de David Bowie (1973).
Vanessa Desclaux, l'une des « comédiennes », explique que la petite chambre rose du château d'Agey en Bourgogne, à la fois scène de tournage et boudoir des comédiennes, « plaçait les participantes dans une contiguïté ambiguë, mais adaptée à l'atmosphère violemment féminine de l'écriture de Genet. Alternant les rôles, sans intention claire d'incarner tel ou tel personnage, les jeunes femmes se prêtaient à un casting fictionnel. […] Marc Camille, poursuit-elle, se positionnait à une courte distance de ce qui se déployait sous ses yeux : des moments fragmentés de postures maniérées, des gestes élégants, bien que parfois exagérés ou maladroits, des moments éphémères de vie et d'art transformés en théâtre. »
La permutation des fonctions, des psychologies et des noms travaille dans cet espace étroit où les corps s'effleurent, se tissent et s'irriguent mutuellement. Les scènes du théâtre et du film sont les lieux de la performance et de la préparation (au meurtre et au casting). Sous les ciseaux de Marc Camille Chaimowicz, la pièce de Genet élude les géométries sociales inhérentes au théâtre des Bonnes pour créer un espace de l'avant-drame.
Né en 1947, Marc Camille Chaimowicz vit et travaille entre Londres et la Bourgogne. Il a participé à de très nombreuses expositions monographiques et collectives, notamment à Sécession (Vienne) en 2009, à Nottingham Contemporary et à la Tate Britain en 2011 ou à Manifesta 10 en 2014. Il est représenté par les galeries Cabinet (Londres), Neu (Berlin) et Andrew Kreps (New York).
Chienne Perdue
Camilla Wills & Allison Katz
Chienne Perdue, 2014. Courtesy des artistes
En résonance avec l'œuvre de Marc Camille Chaimowicz, Camilla Wills & Allison Katz présentent la vidéo Chienne perdue (2014) et une série inédite de posters dans l'entrée de la Cinémathèque.
Née en 1985 à Cheltenham, Camilla Wills vit et travaille à Londres. Artiste et éditrice, elle participe cette année au Commissariat en collaboration avec Laetitia Paviani chez Treize. C'est autour de vidéos et d'impressions numériques que s'articulent ses installations et ses performances. Parmi ses expositions collectives récentes : Notes on Neo-Camp, Studio Voltaire, Londres, 2013 ; My vocabulary did this to me, South London Gallery, Londres, 2014 ; Les Drames 3D, Triangle, Marseille, 2015. La galerie Gaudel de Stampa présente actuellement une exposition personnelle intitulée Licence Licence.
Née en 1980 à Montréal, Allison Katz vit et travaille à Londres. Plus connue pour ses peintures, elle recourt également à la céramique et aux affiches publicitaires. Elle élabore un langage visuel particulier fondé sur des motifs récurrents (fraises, singes, nez, poires noires), présent dans ses nombreuses expositions : Notes on Neo-Camp, Studio Voltaire, Londres et Regardless, Laura Bartlett, Londres, 2013 ; Puddle, Pothole, Portal, SculptureCenter, New York, 2014 ; Call and Response, Gavin Brown, New York et The Violet Crab, David Roberts Art Foundation, Londres, 2015.